PORTEFEUILLE

Ce projet interdisciplinaire avait pour ambition de mettre sur pied et de pérenniser le premier
«Senior Living Lab» (SLL) en Suisse, un laboratoire novateur dédié aux questions de qualité de vie et d’autonomie des seniors (et leurs proches aidants). Concrètement, le SLL a eu comme ambition de lancer les premières activités du laboratoire en commençant par informer la communauté des seniors (et leurs proches aidants), puis de réaliser trois projets d’innovation dans une démarche de co-création associant les seniors et des grandes entreprises suisses autour des thématiques de la mobilité, de l’alimentation et de la communication. Un réseau a été également créé avec les représentants des mondes associatif et politique impliqués dans les secteurs d’activités liés au vieillissement. Enfin, le mode de fonctionnement, le financement à long terme, ainsi que les structures organisationnelles et juridiques, puis de valider le catalogue de prestations et services proposés par le SLL a été définit. Convaincus que les aînés/usagers sont les meilleurs experts dans le vieillissement en bonne santé, des seniors ont été intégrés dans l’équipe interdisciplinaire (designers, économistes, infirmières, ingénieurs, psychologues) et ont été partenaires sur le terrain.

Ce projet était structuré en trois phases, servant de feuille de route:

Dans la première phase, les chercheurs ont exploré, à travers une revue de la littérature, les activités développées par des Livings Labs européens en relation avec la qualité de vie et l’autonomie des seniors ainsi que de leurs proches aidants. En parallèle, l’équipe du SLL a informé de ses objectifs et sollicité une collaboration auprès d’associations de seniors, de structures de santé (clinique et académique), d’entreprises intéressées aux seniors et d’instances politiques.

La deuxième phase du projet a été axée sur la réalisation des trois projets-pilotes centrés sur des activités d’innovation sociale dans une démarche de co-création et de co- construction associant des seniors et des entreprises suisses reconnues, autour des thématiques de la mobilité (Transports Lausannois), de l’alimentation (Coopératives Migros Valais et Migros Vaud Migros) et de la communication (Swisscom Smart Living). Un réseau de partage a été créé avec des associations impliquées dans les secteurs d’activités liés au vieillissement (Pro Senectute, Avivo et Promotion de la santé Valais).

Finalement, la troisième phase a permis de finaliser les trois projets-pilotes et de préparer la pérennisation du SLL, en explorant les différentes formes juridiques possibles et les business modèles les plus pertinents.

L’équipe du SLL a développé une multitude d’initiatives et exploré plusieurs méthodes de collecte de données. Trois éléments en particulier ont caractérisé et créé une plus-value dans ce projet inédit et innovateur.

L’approche User-centered / bottom-up: L’approche bottom-up de co-construction impliquant les seniors et les entreprises a été une découverte tant pour les scientifiques que pour les usagers-seniors et les entreprises impliquées. Les scientifiques ont découvert un potentiel substantiel de co-création des produits et des services en relation avec les besoins des seniors. Ces derniers se sont sentis appréciés et valorisés par leur implication. Les entreprises, se sentant démunies pour saisir les besoins des personnes âgées, ont découvert des méthodes et des réponses pour mieux cerner les attentes de la population vieillissante en perte d’autonomie.
L’approche Living lab : La découverte de l’approche living lab a été pour l’équipe de recherche une expérience particulière. Elle a permis de mieux comprendre les aspects sociaux, culturels et économiques liés à une telle démarche.

La recherche interdisciplinaire : Bien que de nombreux ouvrages, articles et conférences sur la recherche interdisciplinaire soient disponibles, la vivre concrètement pour la rendre opérationnelle a été une expérience unique et très instructive pour tous les partenaires. En effet, le projet a permis de découvrir et de mettre en œuvre des bonnes pratiques de co- création avec les seniors, en utilisant plusieurs méthodes collaboratives, en appliquant de bonnes pratiques de recherche (CPBR) tout en respectant les étapes permettant de réaliser des produits/services aptes à résoudre des problèmes concrets.

L’équipe du SLL met tout en œuvre pour poursuivre ses activités d’innovation sociale et pour pérenniser ce projet à long terme. Après analyse, la forme juridique de l’association à but non lucratif a été privilégiée pour ses futures activités. Actuellement, les statuts, les conditions de partenariat ainsi qu’un plan de financement sont en cours de développement.

Dans la première phase, une revue de littérature a été réalisée pour explorer les champs d’études et l’état des connaissances en lien avec les Living Labs européens, leurs méthodes d’analyses des besoins, leurs activités et leurs prestations de services, dans une approche du bien-vieillir à domicile. Par ailleurs, une cartographie a été développée pour identifier les

différents partenaires et acteurs du terrain au niveau local (région Lausannoise) et au niveau régional (différents cantons).
La deuxième phase a permis de mettre en œuvre les activités de co-création des services et activités en lien avec les différents partenaires de terrain. Une dizaine d’associations, trois communes (contact avec quinze personnes politiques) et trois entreprises ont été impliquées dans ces activités.
Dans le cadre du projet-pilote portant sur l’alimentation, nous avons réalisé un Café Découverte, deux focus group (un avec les employés Migros Sion Centre-Ville, puis un avec des seniors pour challenger les concepts) et trois observations ethnographiques dans un Migros MM, MMM et dans une Coop des besoins et des difficultés rencontrées par des personnes âgées fragilisées durant leurs achats dans un magasin Migros. Suite à cela, un cahier des idées a été élaboré afin de rassembler les propositions faites par les seniors pour répondre à ces besoins et difficultés et de les présenter sous une forme facilement consultable et attractive. Parmi les nombreuses idées proposées, celle d’un espace/îlot de repos a été retenue comme projet de développement. Le concept produit a été validé par un groupe de seniors. Il est actuellement en discussion avec les dirigeants de la Migros pour réaliser des prototypes à tester dans quelques magasins 3M en Valais. Un premier prototype d’un système à intégrer dans l’îlot pour estimer l’utilisation et l’appréciation des utilisateurs a été également réalisé.
Dans une démarche participative similaire, les Transports publics lausannois (TL) ont choisi de soumettre leur brochure destinée aux seniors à un groupe de personnes âgées, afin de l’améliorer tant sur la forme que sur le contenu. Puis, à partir d’un cahier des idées faisant suite à un Café Découverte et à des observations ethnographiques, les TL ont pris la décision de développer un accessoire porte-cannes à utiliser notamment dans les bus. Cet accessoire est actuellement en développement.

Enfin, l’entreprise Swisscom a sollicité le SLL afin d’évaluer sa montre d’alarme. Une enquête de satisfaction a été menée auprès des clients âgés/proches aidants utilisant les services et produits «Swisscom Smart Living Genius». Une enquête quantitative a été réalisée à l’aide d’un questionnaire adressé à 680 personnes. Pour mieux investiguer la thématique de l’isolement social et en particulier le rôle des nouvelles technologies pour la communication à distance et l’accompagnement quotidien, nous avons aussi organisé un atelier de discussion avec des seniors et des experts des interfaces homme-machine.
Dans la troisième phase du projet, l’équipe de recherche a exploré les possibilités de pérennisation du SLL. La forme associative a été identifiée comme étant la plus pertinente à retenir. Une proposition formelle et concrète a été développée : statuts de l’association Senior Living Lab, business modèle, budget, etc.. Elle fait actuellement l’objet de discussions auprès des écoles partenaires ainsi qu’auprès des différentes parties prenantes.

Ce projet n’a pas connu d’imprévus qui auraient nécessité des adaptations majeures (changement de partenaires ou d’acteurs de terrain, par exemple). Une stabilité et une bonne entente entre les porteurs du projet a permis de le finaliser dans de bonnes conditions et de prévoir une suite prometteuse.